Récup’ et construction
2021 à 2025
Caravane, mini camion, serre et Cabane
Ces 4 petits volumes sont aussi liées à ma recherche artistique: de par leur forme, leur process, leur matière. Parce que même si j’ai eu du mal me l’avouer, ce que je fais, c’est aussi ce que je suis, parceque choisi. (la chance du choix). Ma démarche est politique, anti-système, militante, pacifiste. Les lieux que j’occupe, ce que je fais de mes mains, c’est ce que je transmets: c’est ma recette pour être ici et maintenant, apaisée et surtout en cohérence avec qui je suis. pour vibrer en fait, simplement vibrer.
Et surtout me ressourcer.
Evoluer dans ces petits espaces c’est se contenter du minimum: réduire le matériel pour faire grandir les idées, l’âme et l’espace de mon coeur.
Pour moi l’essentiel est là.
Réflexion, méditation, appréciation, création.
(Bon, il y a un mais et parce que je suis pleine de paradoxes, je manque d’espace pour un grand atelier et je rêve de quitter un jour tous ces endroits pour mon hangar à moi, un lieu magique avec dedans des balançoires, une yourte, un bus, la caravane… Un volume, une fonction. Un lieu de création, de rencontres.
Un jour. Avec la personne qui vieillira avec moi. Ou les personnes. Qui sait. Dans la cambrousse, loin des routes. Appel à candidat.e.S.)
Mais décidément ce site internet n’est plus qu’un portfolio doublé d’un cv et d’une revue de presse, ça en devient un journal de bord. Et oui finalement. Que celui ci soit inspirant et ressourçant!
J’ai voulu vous partager ici ces petites constructions réalisées et transformées de mes mains. Aussi pour démontrer qu’avec de la récup, de l’huile de coude et du temps, on peut atteindre une forme d’autonomie, et donc de force, de suffisance mais aussi de bien être et de grande satisfaction. Et ça, ni l’argent, ni les tunnels tiktok ou insta ne me l’offriront, au contraire, ils me prendront de ma confiance et me compareront aux autres. Tellement pratique de s’aveugler, de s’embrumer: le monde va mal, le système est merdique, la nature étouffe. Trump, Palestine, Ukraine, on en oublie les tibétains, les soudanais, les ouighours et la liste est longue. Nique les génocides et vivement l’éveil. Humain.e pourquoi tant de violence et de domination?
Je crois en un monde meilleur, à la contagion de l’altruisme, du savoir faire, de la débrouillardise.
La création, la poésie et le savoir faire peuvent éloigner de l’asservissement au pouvoir et à l’argent. Observer la nature fait tout comprendre: rien n’est binaire, tout n’est qu’ordre et chaos à la fois, succession d’équilibre et d’instabilité, en mouvement permanent.
C’est ma croyance de femme blanche hétéro-normée ayant grandit à la ferme, dans la montagne, dans un pays en paix ou l’on peut avoir accès à tout. Rien que ça c’est un MAXI privilège. Merci pour ça.
Alors d’ou je suis , je veux troquer, fabriquer, me contenter du minimum, avec intelligence et joie. Accéder à la connaissance et à la curiosité est également je pense un privilège. Merci encore. Faire dans l’optique de disperser de l’espoir et de l’amour. Pour sois et les autres.
Une partie de ces projets commença par mon envie de quitter la ville. et puis tout s’est enchainé, logiquement. Je vais vous raconter (oui j’adore me raconter car tout ça c’était du temps, des gouttes de sueur, et une envie d’un monde meilleur et accessible pour toustes, enfin surtout pour le peuple fauché)
Déjà l’envie de récupérer, d’utiliser déchets et bric et broc plutôt qu’encore et toujours acheter, consommer…
La momo-mobile: A Marseille, la ville à temps plein m’étouffait… Ses bruits, ses odeurs, sa densité, ses paysages arides…
Avec les kilos de légumes et de matos que je transportais entre la mer et la montagne, la famille et les ami.E.S, j’ai d’abord eu besoin d’un véhicule. Qui plus est, dans les montagnes, pentes partout, longues distances et pas de transport en commun. Alors j’ai voulu investir dans un utilitaire d’occasion. Pour me déplacer, transporter, covoiturer et aussi voyager et vadrouiller. Plus envie de prendre l’avion, mais de découvrir la France et ses coins méconnus. Depuis mes 20 je rêve d’un « camtard »… Bon du coup je n’avais ni la place ni l ‘argent pour un plus gros format alors j’ai trouvé un ptit partner. Il était blanc mais beaucoup trop visible en forêt ou bord de rivière. Alors j’ai décidé de le repeindre. Et puis de l’aménager tout en récup: bois, vieux tiroir de congel, vieilles boites de l’atelier de mon pépé, vieilles boites d’enfants, caisses, une grille de jardin pour « glissière » et de la ficelle de bottes de foin pour fabriquer un espèce de « filet ». Après plus de 15 ans sans voiture, nouvelle autonomie et liberté qui soufflait dans mes cheveux ébouriffés. A la base, je devais surtout déplacé peinture et matos, mais avec la mise en off la momo-mobile est devenue ma maison de repos et hotel privatif un milliard d’étoiles sans inscription au Michelin.
La caravane: quitter la ville mais aussi m’ancrer. J’aime être en mouvement mais il y a des périodes de vie ou on a besoin de se poser… Que ce soit dans un parcours de soin, la culture d’un potager ou pour vouloir profiter de sa grand-mère: ses 3 options me concernaient. Dans la ferme de mémé, j’y ai grandi, je m’y sens bien, c’est ma maison mais je n’ai pas vraiment d’intimité pour recevoir les ami.e.s. Et puis j’ai eu envie d’avoir un ilot de protection immergée de nature. J’ai trouvé une vieille et grande caravane. pas pu m’empêcher de la repeindre…extérieur ambiance camouflage vite fait et intérieur full colors. (Le beige marron effet vieux mélaminé jpeux pas)
Me voila nomade saisonnière, entre la ville et la campagne, la mer et la montagne…Le plus souvent à la montagne, pour profiter de mémé et m’occuper de mon jardin punk qui fait bondir les gens très carrés et soucieux des apparences de la yhaute ^^
Mais il me fallait aussi un pied à terre à Marseille. (exigeance et vision panoramique)
La cabane: Marseille, ma ville d’adoption depuis 2007: je l’aime autant que je la déteste. Mais j’y ai beaucoup de repère, et puis le soleil, la mer et les ami.e.S, les précieux voisin.e.s et l’effervescence urbaine. Ce chaos fou de Marseille me plait. Sa mentalité, son militantisme, son bordel, son féminisme: Marseille.
C’est mon pied à terre, mon garde affaire. Je suis en coloc avec des copines. Mais quand je reviens, j’ai la cabane. Pendant 3 /4 ans, lorsque j’avais mon atelier au couvent, j’ai récupéré ici et la tout ce que je trouvais dans l’optique de la fabriquer cette cabane (qui ressemble un peu à une niche géante je vous l’accorde)… Mais aussi dans l’optique d’un essai « constructif » pour de futures créations. Car oui tout est lié…
J’ai trouvé tassot, panne, cadre, bois sculptés, tissus, boites, tube pvc pour gouttière, panneau alvéolaire, bout de chute de toit qu’une connaissance m’a vendu, acheté quelques tire fonds, charnières et grande vis et me voilà à fabriquer cette « master piece ». En solo. de manière fière et têtue.
On est sur un DPE de haute qualité car tout l’intérieur de la structure est isolée avec de la paille 100 pourcent du 74: 1 m3 ramenée par la momo-mobile.
Confort assuré. Une alimentation électrique permet recharge et lumières d’ambiance. 2 fenêtres pour les courants d’air. Sommier et matelas 2 places. Récupération des eaux de pluie. Ouverture en mode « caddie ». Et en intérieur gardé secret avec rangements divers, bibliothèque, cadres et même lumières phosphorescentes au plafond.
Un rêve d’enfant. Occuper un petit espace. Un apaisement charmant et dépaysant.(on dirait que je fais la promo d’un truc à vendre mamamia)
La serre à mémé: Ma mémé, c’est ma vie, c’est le sang. Elle a toujours été là pour moi. A me protéger et m’offrir surtout les plus belles preuve d’amour inconditionnelle: la présence, l’écoute et la compréhension. Ravie de me voir, tout le temps, toujours. On rigole, on bricole, on jardine, on cuisine: et tout ça en mode écolo / économe parce que avec 3 francs 6 sous. (une retraite d’agricultrice: c’est maigre)
Le climat froid haut-savoyard est exigeant pour faire pousser des tomates. Alors rien de tel qu’une petite serre: tout en récup. Les fenêtres viennent de Sausset, d’un dépot de fenêtre chez la maman de ma voisine… et devinez qui les a remonté? la momo-mobile! Quelques piquets d’acacias plantés à la cloche de 30 kg avec ma soeur et zoum zoum zen voilà la serre…
Voilà ce qui m’a aussi un peu occupée dernièrement.
Je devais zigouiller le cancer, mais je pouvais pas rester sans rien faire. Alors quand je pouvais, de manière aléatoire, avec plus ou moins d’énergie, de force et de moral: j’avançais sur ses petits chantiers… pas à pas… sans pression, sans stress, sans internet, sans avoir à bouger tous les mois de partout. Et parceque aussi j’avais plus trop de sous…
Et maintenant?
Je ne veux pas m’auto-spoiler mais il y aura d’autres cabanes, à d’autres échelles…
Avant ça, il a fallu apprendre des choses, la suite au prochain article. ouistiti.