Cette publication est un hommage à une personne partie trop tôt.
Il y avait un endroit dans Marseille ou j’ai eu un atelier pendant 4 ans. Dans cet endroit, il y a avait beaucoup de monde, une vraie fourmilière d’individus tous aussi différents les uns des autres. Et puis parmi ces fourmis, il y avait la reine des fourmis. Reine pas sa prestance, son aura, sa voix, sa créativité, sa force vive de travail. Elle était la maman d’une armée de fourmis de papier qu’elle fabriquait, dans leur décor de feuilles blanches.
Beaucoup des fourmis du lieu ne venaient pas souvent dans la fourmilière mais elle c’était tout le temps. Elle était habitée par l’envie de faire, de créer, de partager, de réunir. Envie démesurée de mettre en oeuvre, de créer de la poésie, de pousser des coups de gueule, de faire exister qui elle était. Parler de féminisme, de combats, d’égalité, de protection de l’environnement. C’était une de mes meilleures amies. La seule qui venait tout le temps me voir, m’encourager, partager, me raconter. On se comprenait. On était un peu pareil. Sous des apparences de grandes gueules à l’égo trop présent, sous des démons festifs, sous une indestructibilité que les autres croyaient, on était seules, vulnérables, à vif. Triste, en colère, à la recherche d’un équilibre dans nos longues solitudes et désespérances. On créaient, se soutenaient. Travailleuses intarissables. C’était mon Amie. Ma Clem. Une vraie, belle, honnête et entière personne. Je comprenais ses manques, ses frustrations. On en a partagé des choses ensemble! Et puis en 3 jours tristes d’un mois décembre, de manière imprévisible, une leucémie l’a emporté. Son coeur s’est subitement arrêté de battre le 16 décembre 2018. Elle avait 35 ans. Elle s’appelait Clémence Doutre.
Je me suis fait une promesse, celui de continuer à la faire vivre, à faire exister son art et son souvenir d’une manière ou d’une autre. Parce qu’on oublie trop souvent les morts. Mais ils font parti de nous. L’acceptation est difficile mais ils ont été et leur souvenir restera. Alors que ce soit ici, sur instagram ou facebook ou en stickers dans la ville vous la retrouverez car elle me suivra, comme les autres dont la liste est trop longue.
Mais elle c’était mon Amie. Je l’avais choisi dans ma vie, elle m’avait choisi.
Elle me manque.
Je t’aime Clem!
Oscar et Simon vont bien! Pensées pour eux mais surtout son papa et sa maman, le frangin et sa chérie!
Fais toi plaisir là haut et protège-nous si t’es pas trop occupée.
Le combat ici bat continue mêlée d’une passion à défendre!
Quant à moi je ne t’oublie pas, j’ai changé de fourmilière maintenant mais tu restes dans mon coeur, sur mes murs et sur ma peau.
Ci dessous la première fois que j’appose un prénom sur un mur. le sien. Des oiseaux blancs en signe de deuil et de paix . Et tatouer sur la peau une de ces Santa-Vulva! Elle en a fait pleins des Santa-vulva! tout comme des fourmis de papier, de cartons, des lianes de feuilles et des dessins à gogo!
Ce mois de mars elle aurait fêté son anniversaire…
Clémence Doutre est morte; Vive Clémence Doutre!
Crédit photo avec l’échelle: Stéphane Bailby