Confessions intimes
Podcast, photos et tips
2021 à 2025

Légende: Photo pour le podcast réalisé à Marseille à l’institut Paoli Calmets. Crédit photographique: Julie Lagier. « Souvenirs » de mes tuyaux de traitements: acte psycho-magique avec les petits coeurs rainbow de papier.

Pourquoi en parler ici?
Déjà parce que j’en ai envie, et ça c’est la meilleur des raisons. J’aime parler de tout, sans tabou, dire les choses telles qu’elles sont, telles que je les ressens, les traversent… Et pour donner de l’espoir et de la force! Cheh le cancer!
Et puis ce sujet a bouleversé mes 4 dernières années de vie, m’a fait tout mettre en off d’un point de vue professionnel. Et du coup: OFF Mademoiselle Maurice, plus d’instagram, plus de facebook, plus de projets, plus de déplacements, plus de travail: pas possible physiquement ET psychologiquement… (Une pause nécessaire. Entre autre parce que la toxicité des réseaux sociaux)
J’étais déjà quasi en burn out à cause de la masse de travail à gérer solo et des nombreux projets qui s’enchainaient aux 4 coins de France et du monde. Dans la création il y a aussi beaucoup d’administratif à gérer. J’étais déjà quasi à bout de ça… Surtout après une grosse période de déprime, le covid, la vie, la mort: voilà…

Et puis pour la première fois au moment du diagnostique, je me suis vraiment questionnée sur qui j’étais, où était ma place, ce que je voulais, pour être au bon endroit, ni gentille ni méchante: juste moi. M’en ficher des autres (surtout ceux qui disait que j’étais trop, trop bruyante, trop souriante, trop fière, trop énergique, trop théatrale, trop d’amour: FUCK you: tout ça c’est moi même si pas que), arrêter de vouloir être aimé à tout prix, faire plaisir, prendre soin des autres , prendre trop soin, identifier que moi aussi j’ai envie de soin et surtout ENFIN! écouter et respecter mon corps… Et prendre ma responsabilité pour sortir de relations toxiques qui me faisaient tourner en rond.
Et puis du point de vue de la création et des messages qui m’animent: alors que je remets en question un système consumériste et excessif, je me suis retrouvée à être une super machine à produire, à répondre à des demandes, à faire toujours plus, encore et encore: rentrant dans un tourbillon de projets toujours plus grands, plus fous, plus de budget… Plus de temps pour autre chose que le travail.
Et puis le cancer. Il fut un cri d’alarme. Je n’avais pas le choix. Et puis moi qui avait des idées bien noires à cette période, j’ai vu là l’opportunité de choisir la vie, d’un nouveau défi pour MOI…. Suis-je responsable de ce cancer? Actrice? Victime ? Je n’en sais rien. Je suis moi et je fais ce que je peux, du mieux que je peux.

Je sais aussi que mon corps, mon être, je l’ai toujours dénigré, critiqué, fait souffrir. Il était temps que ça change.
J’ ai compris pourquoi je n’arrivais pas à remonter la pente, à retrouver ma joie de vivre, mon énergie, ma sociabilité: parce que j’étais épuisée, parce que les métastases se multipliaient et mon corps luttait encore et encore, pour la survie, pour pas mourir trop vite, et semblerait-il depuis plus d’un an.

Une partie de moi était presque soulagée d’avoir identifié ce « mal »: vu ma combativité: je me suis dit, allez zou, une chirurgie, quelques chimios et YOLO c’est reparti, en 1 année c’est réglé. Je reste focus là dessus, à 100 pourcent.
Oui sauf que ça ne s’est pas passé comme ça.
Faut toujours que je sois hors des cases. finalement c’est comme ça.
Le cancer qui a été détecté est un type de Mélanome Métastique, très agressif. (cancer de la peau) Tout est partie d’une lésion dans le dos: un grain de beauté vénère. Et ce con n’a rien trouvé de mieux à faire que de se propager dans ma chaine ganglionnaire axillaire ( Aisselle, sein, dos etc…)
Une tumeur de plus de 5 cm s’est formée et cette connasse grossissait.
Dans mon cas il y a eu une direction que j’ai eu du mal à accepter: les chimios classiques ne me faisaient gagner que 3 mois d’espérance de vie. Donc on m’a proposé les nouveaux traitements; les immunothérapies.
Oui sauf que dans mon cas, étant donné mon passif de Maladie de Crohn et de Polyarthrite; (mise à part ces 3 maladies: méga bonne santé générale je précise ;) Y’avait de fortes chances que je reparte en crises articulaires et digestives… et ça pour l’avoir déjà vécu, plus jamais… Ne plus pouvoir marcher et aller à la selle 10 fois par jours, non merci (et je vous passe les détails)
D’ailleurs, selon moi et des avis de médecins, les traitements anti tnf que j’ai eu à l’époque ne sont probablement pas étrangers à l’arrivée de ce cancer.
Le plus fou dans tout ça: si en étend sous immuno je repartais en crise, on me remettait sous anti-tnf… soit double traitements contradictoires: d’un côté renforcer le système immunitaire, de l’autre le dézinguer… étrange non? Illogique selon moi.

Heureusement grâce à mes pratiques de hippies, yoga, alimentation et tutti cuanti, depuis des années j’ai réussi à mettre en veille ces 2 maladies chroniques auto-immunes.
Mais là j’ai eu peur, très peur: De mourir du cancer en me retrouvant avant ça avec une stomie et dans un fauteuil roulant (ce que l’on m’avait prédit pour mes 40 ans)
bref…
Du coup il a fallu m’opérer dans un premier temps… et se faire retirer toute la chaîne ganglionnaire axillaire, c’est un délire.. tu ressors de là tu ne peux même pas lever à la main de 5 cm… et ça c’est après les rdv biopsie, cancérologue, anesthésiste etc… s’ensuit des séries de kiné à gogo… mon objectif était simple: pouvoir refaire une roue sur mes 2 mains. Et très vite on a voulu me faire attaquer les traitements: une injection en intraveineuse toutes les 3 semaines: ils devaient y en avoir 13, j’en ai finalement eu 20. Mais je n’étais pas prête, ni mon corps, ni ma tête. Et là aussi j’ai eu besoin de passer des étapes et c’est pourquoi j’ai parcouru en connaissance le monde de quelques médecines parallèles et chamaniques, entre autre jeûne, médecine chinoise, Yoga dans tous ses piliers ( postures, respiration, alimentation, méditation), kambo, ayahuasca etc… (attention malgré mon statut d’artiste et les clichés qui vont avec, ce genre de délire psycho-actif: j’aime pas trop ça, je ressens que j’en ai absolument pas besoin à titre récréatif.)
J’étais avant tout dans une démarche de guérison.
Je n’encourage absolument personne à faire comme moi, je parle de mon expérience, et chaque personne, parcours et cancer sont différents.
En revanche, j’encourage à être en phase avec le protocole et ses délais.
Le cancer c’est sérieux; mais les protocoles ne sont pas adaptés à chacun.e, pas le temps, pas l’argent. Il faut je pense se sentir prêt.e, actif.ve, volontaire, positif.ve.
C’est dur, très dur mais je crois que dans la vie, avec de l’amour, de l’ouverture de coeur, des bonnes pensées: tout est possible. Surtout si on s’écoute.
Bon après, je me dis que souvent rien n’arrive par hasard: j’avais des choses à comprendre, et ça a prix du temps.
Pendant les traitement, j’étais et me sentais sur la tangeante avec Crohn et polyarthrite: j’avais peur de repartir en crise et surtout, depuis 2021 année du diagnostic, les métastases après l’opération ne diminuaient que rarement… Elles n’en faisaient qu’à leur tête.
Je ne lâchais pas vraiment le mental, prête à repartir au charbon de la création, comme avant, produire, encore et toujours.
Il m’a fallu presque 4 ans pour comprendre que STOP. Je ne suis pas une faire, je suis une être.
J’ai été dans des directions de créations, d’apprentissage et de bricolage et de mode de vie dont j’avais toujours rêvé mais que je n’osai pas: parce que pas le temps, parce que le travail, parce que c’est trop tard, parce que les jugements. Et à 40 ans me voilà à me lancer dans une série de trucs que j’ai considéré comme thérapeutiques. M’écouter, être moi, et surtout prendre du plaisir. Savoir dire non.
Bon, forcément, au passage, tout ce process fait que tu perds des « sois disant » ami.E.s en cours de route qui décide de te ghoster, de te rejeter ou de te juger, sans savoir, sans t’attendre, sans comprendre . Tant pis pour elles, tant pis pour eux! Iels ont voulu fermer la porte comme je l’ai fermé à d’autres, chacun.e ses choix.
Dure pour moi aussi parce que j’étais à des centaines de km de ma famille et que je me suis sentie très seule et isolée dans ce parcours de soin. (Je vivais solo)
Dur aussi parce que encore et toujours ce mot: Cancer
Le prononcer fait parfois se terrer les gens dans le silence voire même on me l’a reproché: pourquoi en parler?
Moi la cancéreuse je n’avais pas le droit de dire que j’en étais une, de faire exister ce truc bien réel qui régissait ma vie, mes espoirs, mes semaines.
Il fallait se taire, mettre ça sous le tapis, ne pas en parler. (notamment auprès de beaucoup de membres de ma famille)
Mais pour moi en parler c’était le minimiser, le rendre pas dangereux, le rendre vulnérable, comme un poux, un tic ou un « fasho-mophobe ».
Ce cancer c’est une connaissance toxique et destructrice que je veux dégager de ma vie…. Parce que dans la vie en société, quand on te demande: tu fais quoi? tu bosses? tu crées en ce moment? Ma réponse c’était: euh ben… je sais que ça se voit pas mais je viens de me faire opérer…. ou encore… ben cette semaine c’est traitement… et ces dernières années, c’était enchainer les rdv médicaux…
Voilà pourquoi j’en parle.
Pour le minimiser. oui on peut mourir du cancer. On meurt aussi de la vie. on meurt tout court et c’est pas grave.
Je n’ai pas peur de la mort.
Mon entourage en a plus peur pour moi! ( et j’ai compris que beaucoup de personnes m’aimant réellement pour ce que j’étais telle quelle: grande gueule, ultra sensible, pétillante, provocatrice, drôle, militante, gueularde, courageuse, pleurnicharde, passionnée, intense, entière, tatouée, excentrique et surtout authentique! Merci avant tous les Ami.E.s et ma soeur de me voir telle que je suis et d’apprendre à communiquer ensemble. J’ai pas choisi d’être comme ça. Mais tant pis pour les rageux, les peureux, les jaloux, les jugeants, je perds trop de temps à vous plaire pour votre confort perso.
Purée que c’est bon de le dire, de l’écrire, d’oser être. Et surtout que cette envie de partager du love, de l’espoir: ça ne m’a pas quitté, c’est revenu plus fort encore!

Bon, le truc aussi bien relou avec cette histoire de cancer c’est comme le truc il s’incruste… (pardonnez ma syntaxe de non bourgeoise) .On dit que t’es en guérison après 5 ans de rémission (quand plus aucune cellule cancéreuse n’est visible à l’imagerie: TEP SCANN full body dans mon cas)… et puis il y a les effets secondaires des produits chimiques. mama mia, c’est pas l’extase. mais bon: quasi entière et vivante: ici et maintenant !

Le cancer étant toutefois la maladie du siècle, hélas (bien fait pour nous pauvres humain.e.S destructeurs): je trouve qu’on en parle beaucoup trop: dans beaucoup de film, de livre, de pubs: c’est le mot qui revient:
« je le déteste mais pas au point de lui souhaiter un cancer »
« sa mère était morte d’un cancer »
« il a passé des années d’agonie à se battre contre un cancer »
« chaque année le cancer tue plus de… »

On en parle trop mais parce que la vérité est qu’il est trop présent.

Allez, même si je voulais l’oublier: impossible.
Alors je décide d’en parler, d’en rire. De me dire que j’ai de la chance de le vivre en France, dans ce pays qui offre, en plus d’un salaire minimum, de congés payés, de retraites, d’aides, d’arrêt maladie: la prise en charge totale de tous les soins! Merci la France (soit un peu plus social, protectrice et proche de l’environnement, spirituelle, moins consumériste, et égalitaire et tout sera parfait!)

Bon attention, je vais être honnête, oui bien sur des fois je rouspète, je suis triste, je me dis « pourquoi moi? », c’est pas juste, vie de merde, tous.tes des abruti.e.S: gnagnagnagna… je pleure, je gueule , j’en ai marre et puis ça passe. Et puis je veux pas m’apitoyer. Parce que tout passe justement. Et que c’est cool d’être vivante, aujourd’hui, en France. Et j’accepte d’avoir peur avant chaque batterie d’examens. Je ne veux pas refouler mais accueillir, traverser et en ressortir plus forte.

Concrètement, j’ai du me refaire opérer en juillet 2024…et j’ai refusé de nouveaux traitements. mais c’est en ce mois de novembre dernier que j’ai appris pour la première fois en 3 ans et demi que j’étais en rémission! Cheh le cancer, prends ça dans tes dents!

Maintenant je croise les doigts, pour que ça gère, qu’il revienne pas et que je puisse passer à autre chose,
même si le traumatisme restera présent. Et que je n’arrive pas encore à me remettre complètement « sur les rails ». M*RDE mais pourquoi d’ailleurs? laissez moi gambader cul nul dans les champs finalement!

Conclusion: METASTASES TA GUEULE!
Faire de la psycho- magie, être actrice de ma guérison, Alignement du corps, du coeur et de l’esprit. Equilibre! Bouffez la vie sans crise de foi ! le corps en mouvement: marcher, nager, glisser, escalder.
et surtout: CRÉER ! PARTAGER!

merci les psy, merci mon chouchou de cancérologue, merci le tantra, merci les vrai.e.s et merveilleux ami.e.s, merci ma soeur, mais surtout merci MOI!
J’ai enfin réussi à sortir l’année dernière de ma torpeur urbaine angoissée pour retrouvée mes montagnes, ma famille et mon binôme: ma mémé.
J’ai plus vraiment de maison à moi pour le moment mais je me sens LIBRE, GUERRIERE et j’ai envie de prendre tout le monde dans mes bras. Oui je dis bien tout le monde. c’est là ou c’est important !

YOLO! J’ai eu des ptits ingrédients magiques: profiter, kiffer, dormir, se reposer, jouir, apprendre, créer sans pression, devenir addicte au puzzle, se reposer, manger du divin de la nature, dormir… être comme sur un fil…
Et pour chacun de mes traitements: des ptits coeurs de papiers que je collais sur mes tuyaux. Aucune session de chimio – immuno n’y a échappé: j’étais en salle d’attente avec mes feuilles de couleurs: verts jaune orange rouge rose bleu. J’y découpais de petits coeurs. et les apposait sur ma perfusion: pour faire la nik aux effets secondaires et que le produit soit full love!
Je suis complètement folle? oui parfaitement, et j’y crois. Je rayonne bébé . Regarde la pétillance dans mes yeux et tu comprendras…

Ahah pas de fausse modestie… A toujours s’excuser, se minimiser… Inspiration Beyoncé: la tête haute, les tétons pointés: assumée et enragée d’amour! (Bon pas facile tous les jours mais c’est un mood. Assumer se sentir « au top » tout comme parfois assumer se sentir être une petite merde invisible: l’une et l’autre des situations ne sont elles pas vraies finalement?)

Couleurs, découpage, assemblage.
Car oui, il y a ça qui m’habite depuis que je sais tenir un crayon et une paire de ciseau dans la main.
J’ai en tête depuis un moment ce que j’ai envie de faire, de créer, de fabriquer. Pour ça je me donne les moyens d’apprendre de nouvelles techniques mais bientôt, je reviens. mais différemment. plus posément. Moins d’avion, moins d’achats, plus de récup. Créer moins mais créer mieux.

J’espère fort vivre encore longtemps, sainement, avec vitalité, humour et amour, mais on ne sait jamais ce que la vie nous réserve. La cancéreuse peut survivre alors que l’être en pleine santé peut se faire percuter par une voiture demain et bêtement. La vie.
Alors: vivre: ici et maintenant.

A bientôt lecteurice,
Je reviens avec pleins de nouvelles choses dans mes paniers!
Merci à celleux qui me suivent et aux nombreux mails d’invitation à créer que j’ai continué de recevoir malgré 4 ans d’absence!
On ne m’a pas oublié et je ne compte pas non plus me faire oublier. Mon égo est toujours là même si je cherche à le faire taire aussi, mon envie viscérale de créer, mes espoirs pour un autre monde, ma liberté.

Je t’aime lecteurice et je te souhaite de te dire la même chose avec un M apostrophe à la place du T.

magie et utopie.