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Aqua YouMan (Human).

« Humains.
Vivants.
Fragiles.
Fils de la Nature qui peut le reprendre.
Que l’Homme s’ouvre donc aux autres, sincèrement, et goûte à cette ressemblance approximative qui le lie à ses semblables.
De riches différences subsistent mais l’essence de chaque être est la même.
Homme vulnérable que tu es, respecte celui face à toi.
N’abuse pas de domination, de soif de pouvoir, ni de contrôle.
Considère l’homme.Considère la nature. Simplement. »

La première série de photos by Maurice (Aka Marie Saudin) tend à offrir une touche de pourquoi, comment, quoi ? mais aussi une certaine dose de psychologie interne en mode vision inversée, et ce en plusieurs dimensions, de symbolique et aussi d’imaginaire….

D’abord, il y a cet être, cette  chose, ce visage qui pose.
Froid, blanc, figé.
Le regard fixe.
Le souffle coupé.
Stade embryonnaire, fœtus ou en proie au mortuaire?
La volonté du cadrage, de la prise de vue insiste sur  le caractère éphémère et intemporel du sujet.

C’est le portrait d’une âme qui s’est révélée à un moment précis, dans une situation donnée.
L’âme n’est que plus perceptible grâce au rôle de l’appareil photo qui immortalise l’image.
L’être est mais ne ressent pas à cet instant précis.
L’être se confond avec son essence, celle qui ouvre aux sens. Mais ceux ci sont perturbés. Ils sont comme endomagés ou juste figés dans le temps. L’oreille ne perçoit qu’un bruit sourd.
La bouche comme le nez sont contraints de cesser toute activité.
Les yeux persistent dans cet univers hostile mais ne peuvent percevoir que lumière et mouvement, l’absence de netteté supprimant tout détail.

L’être est présent mais ses sens sont absents.

« La faute au mode apnéique, en verticalité inversée ».
Quelques secondes d’un moment que l’on croit intime.
L’être photographié ressent sa condition alors que le spectateur la voit simplement; ou du moins peut la deviner, après quelques interrogations et comprendre que les modèles sont la tête dans un aquarium rempli d’eau.

Il est important de préciser aussi que l’image n’est pas retouchée.
Elle est brute, ne cachant aucuns détails ni éléments hors champ que l’on peut retrouver dans le reflet du verre transparent.
On peut deviner une main, un doigt qui s’apprête à déclencher la photo, un regard caché derrière l’objectif.
L’être est photographié mais l’être est aussi emprisonné.

Le photographe choisit la situation mais son influence va au delà de la préparation.
Les mains qui tiennent l’appareil et qui offrent leurs reflets au niveau du cou des êtres photographiés jouent deux rôles.L’un d’action, l’autre d’intention.
Mains rattachées au corps du photographe, elles le secondent. Celui -ci est donc présent indirectement dans l’image mais également dans l’intention.

Ainsi, dans une comparaison morbide, les mains pourraient jouer le rôle de bourreau dans la situation de ces être innocents, celles qui forcent et tuent en étranglant.

Mais l’être doit être respecté, il offre une image éphémère qui insiste sur sa fragilité et le respect dont on doit lui faire preuve.
L’être s’offre mais l’être captive le regard. La pensée ne s’arrête pas.
L’être est vulnérable à cet instant mais il ne faut pas l’exploiter ni le dominer.

Quiconque en cette situation peut être vulnérable et faible.

Les précieux modèles ont posé dans une délicate situation mais ils se sont offerts, volontairement.

POurtant, des êtres n’ont pas ce choix, et restent des êtres.

Le spectateur peut aussi ouvrir son imaginaire à la situation. Il pourrait y voir le sujet emprisonné dans un scanner, ou dans une boîte qui montre à quoi on pense, ou même rappeler l’univers du rêve…du temps en suspension…voire même du comique de la situation….L’imaginaire offre une infinité de propositions que chacun peut s’approprier lors de lectures différentes.
Contrainte de la boite en verre, mise en abîme d’une situation, d’un moment, respiration cessante, silence..
Peu importe la vérité, l’image se détourne vers une autre réalité que chacun s’accapare…

L’œil du photographe peut être troubleur d’image, troubleur de visage, casseur de vérité et aussi parfois dénonciateur.

Mademoiselle Maurice