(Texte de démarche en bas des photos)

 

La photo m’est toujours apparue non pas comme un « tableau », une composition qui se suffit à elle-même mais comme le fragment d’une scène, d’un moment, d’une ambiance. Je n’ai jamais réussi à prendre des photos « touristiques » comme je les appelle. Ce genre de photo où l’on veut tout montrer et créer un tableau qui se suffit à lui même. La photo a toujours été pour moi un moyen  de capter l’instant, l’émotion du moment, et surtout, de conserver le souvenir. Souvenir qui suffit à être ravivé par un simple détail, une simple identité colorée. On ne peut pas tout photographier, le cadrage a ses limites, les êtres ne sont pas figés ni éternels. On ne choisit pas tous les éléments, on choisit juste ce que l’on veut prendre. La petite partie de ce que l’on veut garder. Se rappeler de l’instant, de qui m’accompagnait, m’entourait, l’ambiance sonore, les odeurs et mes ressentis au moment de la prise de vue. C’est pourquoi, j’ai jusqu’alors accordée une importance toute particulière aux détails et aux couleurs. Ces deux éléments sont fondamentales et sont ceux qui m’attirent,  me donnent envie d’immortaliser le moment, à condition que l’humeur et l’ambiance s’y prête.

Avec cette série de flou artistique, j’ai envie de conserver ces deux paramètres, en allant à l’essentiel. Malgré le flou omniprésent, il s’agit de continuer à retranscrire couleurs et formes et de redonner vie à la scène. La photographie permet de voler un cadrage et de le retranscrire ensuite. Ainsi, l’appropriation du cadrage est le même mais la scène est personnalisée, les couleurs simplifiées et les formes raccourcies. C’est comme ci l’on essayait de capturer quelques images d’un doux rêve sauvage. La connexion entre rêve et réalité est omniprésente et bien souvent, lors de la prise de vue, l’oeil dans le viseur, la respiration ralentie, je me sens comme dans un rêve, comme derrière une façade protectrice où je ne suis que spectateur du spectacle des fantômes de couleurs et de formes.

Ne reste plus qu’à les figer sur papier, prisonniers derrière leur voile nébuleux… Il suffit de les écouter et de les imaginer danser, poursuivant leur mouvement derrière lequel subsiste leur scintillement…